Vous ressentez cette douleur lancinante à l’aine qui vous handicape dans vos activités quotidiennes ou sportives ? Cette gêne qui s’intensifie quand vous montez les escaliers, ou qui vous empêche de frapper dans un ballon ? Il est fort probable que vous souffriez de pubalgie, une affection douloureuse touchant la région pubienne, souvent mal comprise et mal diagnostiquée.
La pubalgie, ou syndrome douloureux du carrefour pubien, est une pathologie qui touche la zone où se rencontrent les muscles abdominaux, les adducteurs et le pubis. Bien que fréquente chez les sportifs, elle peut affecter tout le monde et mérite d’être prise au sérieux.
Ce guide complet vous apporte toutes les informations essentielles pour comprendre la pubalgie, la traiter efficacement et prévenir sa survenue ou sa récidive. Rédigé en collaboration avec des kinésithérapeutes spécialisés en médecine du sport, il vous offre des conseils fiables et actualisés pour 2024.
Qu’est-ce que la Pubalgie Exactement ? Anatomie Simplifiée
La pubalgie désigne un ensemble de douleurs localisées au niveau du pubis et de l’aine. Plus précisément, il s’agit d’un syndrome douloureux affectant le carrefour pubien, zone anatomique où convergent plusieurs structures : la symphyse pubienne (articulation entre les deux os du pubis), les insertions des muscles abdominaux et des adducteurs.
On distingue généralement trois formes principales de pubalgie :
- Pubalgie pariétale : elle touche la paroi abdominale inférieure, notamment au niveau de l’insertion des muscles abdominaux sur le pubis.
- Pubalgie tendineuse ou des adducteurs : elle concerne l’insertion des muscles adducteurs sur le pubis.
- Pubalgie symphysaire : elle affecte directement l’articulation de la symphyse pubienne.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la pubalgie résulte souvent d’un déséquilibre entre les forces exercées par les muscles abdominaux et les adducteurs sur le pubis. Ce déséquilibre crée des microtraumatismes répétés qui finissent par engendrer une inflammation et des douleurs chroniques.
Qui est Touché par la Pubalgie ? Les Facteurs de Risque
La pubalgie touche majoritairement les hommes (environ 80% des cas), mais les femmes ne sont pas épargnées. Si elle est souvent associée aux sportifs, cette pathologie peut également affecter des personnes sédentaires.
Sports à risque
Certaines disciplines sportives exposent davantage à la pubalgie en raison des mouvements spécifiques qu’elles impliquent :
- Football : changements de direction brusques, frappes, accélérations
- Rugby : plaquages, mêlées, efforts en rotation
- Hockey sur glace : position penchée en avant, accélérations
- Tennis : démarrages explosifs, rotations du tronc
- Course à pied : impacts répétés, déséquilibres musculaires
- Danse : grands écarts, sauts, positions extrêmes
Ces sports sollicitent intensément la région pubienne et créent souvent des déséquilibres entre abdominaux et adducteurs.
Autres facteurs de risque
En dehors de la pratique sportive, plusieurs éléments augmentent le risque de développer une pubalgie :
- Déséquilibres musculaires entre abdominaux et adducteurs
- Mauvaise posture et troubles statiques du bassin
- Anomalies anatomiques (dysplasie de hanche, inégalité de longueur des jambes)
- Grossesse (modification de la statique pelvienne)
- Surpoids (augmentation des contraintes sur le bassin)
- Antécédents de chirurgie abdominale ou de pathologie du bassin
- Âge (tissu conjonctif moins élastique avec les années)
Reconnaître les Symptômes : Quand S’inquiéter ?
La douleur est le symptôme principal de la pubalgie, mais elle présente des caractéristiques particulières qu’il est important de reconnaître :
- Localisation : douleur à l’aine, au niveau du pubis, parfois irradiant vers les adducteurs ou le bas-ventre
- Type de douleur : lancinante, pouvant aller de la simple gêne à une douleur vive
- Apparition : souvent progressive, s’aggravant lors des efforts
- Déclencheurs : effort physique, toux, éternuement, changement de position, montée d’escaliers
Des douleurs peuvent également être ressenties au niveau des testicules chez l’homme, créant une confusion avec d’autres pathologies.
Comparaison : Pubalgie vs autres pathologies similaires
Pathologie | Localisation principale | Caractéristiques | Aggravation |
---|---|---|---|
Pubalgie | Pubis, aine | Douleur bilatérale possible, irradiation vers adducteurs/abdominaux | Effort, changement de direction, toux |
Hernie inguinale | Pli de l’aine | Sensation de “boule”, douleur localisée | Position debout prolongée, effort |
Tendinopathie adducteurs | Face interne de cuisse | Douleur bien localisée sur le tendon | Mouvement d’adduction contre résistance |
Coxarthrose | Aine profonde, fesse | Raideur matinale, limitation rotation hanche | Marche prolongée |
Quand consulter un médecin ?
Consultez rapidement un professionnel de santé si vous observez :
- Une douleur persistante plus de 7-10 jours
- Une douleur nocturne intense qui perturbe votre sommeil
- Une douleur associée à de la fièvre
- Une douleur avec irradiation dans le scrotum ou les organes génitaux
- Une incapacité à mettre du poids sur la jambe concernée
- Une douleur apparue suite à un traumatisme
Comment est Posé le Diagnostic de la Pubalgie ?
Le diagnostic de la pubalgie repose sur plusieurs étapes complémentaires :
L’interrogatoire médical
Le médecin commence par un questionnaire détaillé pour comprendre :
- Les circonstances d’apparition de la douleur
- L’historique sportif et les antécédents médicaux
- Les facteurs aggravants et soulageants
- L’évolution des symptômes dans le temps
L’examen clinique
Il comprend :
- La palpation de la région pubienne et des insertions musculaires
- Des tests spécifiques comme :
- Le test de résistance des adducteurs
- Le test du serrage des jambes
- Le test de contraction abdominale
- Le squeeze test (pression des genoux l’un contre l’autre)

Les examens complémentaires
Pour confirmer le diagnostic et exclure d’autres pathologies :
- L’échographie : examen de première intention, non invasif, permet de visualiser les tendons, muscles et la symphyse pubienne
- L’IRM pelvienne : examen de référence, détecte l’œdème osseux, les lésions tendineuses et musculaires avec précision
- La radiographie du bassin : utile pour écarter d’autres causes comme l’arthrose ou des fractures
Une approche diagnostique complète est indispensable car la pubalgie peut facilement être confondue avec d’autres pathologies de l’aine ou du bassin.
Traitement de la Pubalgie : L’Approche Multi-Facettes
Phase Initiale : Calmer la Douleur et l’Inflammation
La première étape consiste à réduire l’inflammation et soulager la douleur :
- Repos sportif adapté : arrêt ou diminution significative des activités douloureuses pendant 2 à 4 semaines
- Application de glace : 15-20 minutes, 3 à 4 fois par jour sur la zone douloureuse
- Médication anti-inflammatoire : AINS (Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens) sur prescription médicale, généralement pour 5 à 10 jours
- Compression : port d’un short compressif pour soutenir la région pubienne
Cette phase initiale est cruciale mais ne constitue pas un traitement complet – elle prépare le terrain pour la rééducation.
La Kinésithérapie / Rééducation : La Pierre Angulaire du Traitement
La kinésithérapie représente l’élément central du traitement de la pubalgie, avec plusieurs objectifs :
- Rééquilibrer les tensions musculaires
- Renforcer les muscles profonds stabilisateurs
- Améliorer la mobilité du bassin
- Restaurer une biomécanique correcte
Exercices clés pour traiter la pubalgie
- Renforcement des abdominaux profonds :
- Exercice du transverse : en position allongée, rentrer le ventre en expirant sans bouger le bassin
- Planche ventrale modifiée : maintenir position avec appui sur avant-bras, genoux au sol
- Travail des adducteurs :
- Contractions isométriques : presser un ballon entre les genoux
- Bridge avec ballon : allongé sur le dos, ballon entre les genoux, soulever le bassin
- Étirements ciblés :
- Étirement des adducteurs en position assise, jambes écartées
- Étirement des psoas en fente avant
- Travail proprioceptif :
- Exercices d’équilibre sur plan instable
- Réapprentissage du contrôle moteur lors des mouvements fonctionnels
La progression doit être très graduelle, sans provoquer de douleur. Un suivi par un kinésithérapeute expérimenté est indispensable pour adapter les exercices à chaque cas spécifique.
Les Orthèses et Supports : Un Soutien Utile ?
Les orthèses peuvent compléter le traitement dans certaines situations :
- Shorty ou cuissard de compression : améliore la proprioception, maintient les structures en place et apporte une chaleur bénéfique
- Ceinture pelvienne : stabilise le bassin dans les cas de pubalgie symphysaire
Ces dispositifs sont particulièrement utiles :
- Lors de la phase aiguë, pour limiter les mouvements douloureux
- À la reprise d’activité, comme soutien préventif
Il est important de noter que ces orthèses ne remplacent jamais la rééducation et le renforcement musculaire, mais les complètent utilement.
Autres Thérapies Médicales et Invasives
Dans les cas plus résistants, d’autres approches peuvent être envisagées :
- Infiltrations : injection de corticoïdes pour réduire l’inflammation locale, ou de PRP (Plasma Riche en Plaquettes) pour favoriser la cicatrisation tissulaire
- Ondes de choc : stimulent la vascularisation et accélèrent la cicatrisation des tendons
- Mésothérapie : injections superficielles de produits antalgiques et anti-inflammatoires
Ces techniques sont généralement réservées aux pubalgies résistantes au traitement conservateur classique.
La Chirurgie de la Pubalgie : En Dernier Recours
L’intervention chirurgicale n’est envisagée qu’après échec des traitements conservateurs bien conduits pendant au moins 6 mois. Plusieurs types d’interventions existent :
- Ténotomie des adducteurs : section partielle du tendon pour réduire la tension
- Techniques de renforcement pariétal (type Shouldice ou Nesovic) : réparation de la paroi abdominale
- Arthrodèse pubienne : dans les cas très sévères de lésions symphysaires
La chirurgie implique une rééducation post-opératoire rigoureuse de 3 à 6 mois avant reprise sportive complète.
Prévention de la Pubalgie : Agir Avant la Douleur
Prévenir la pubalgie est souvent plus simple que la traiter. Voici les mesures préventives essentielles :
- Échauffement complet : privilégier les étirements dynamiques avant l’effort
- Renforcement musculaire équilibré : abdominaux profonds, adducteurs, fessiers et stabilisateurs du bassin
- Travail de la technique sportive : apprentissage des gestes corrects (frappe, changement de direction…)
- Gestion de la charge d’entraînement : augmentation progressive de l’intensité, repos suffisant
- Équipement adapté : chaussures adaptées à votre morphologie et à votre sport
- Hydratation et nutrition : maintien d’une bonne hydratation et apports nutritionnels optimaux

Une attention particulière doit être portée aux périodes de reprise sportive après une pause, moment où le risque de pubalgie augmente considérablement.
Focus Sportif : Gérer la Pubalgie et Reprendre Son Activité
Adapter l’entraînement pendant la rééducation
Durant la phase de traitement, privilégiez :
- La natation (sans brasse qui sollicite les adducteurs)
- Le vélo stationnaire (position haute, sans résistance excessive)
- Le renforcement musculaire ciblé non douloureux
Critères pour une reprise sportive sécuritaire
Ne reprenez votre sport que lorsque :
- Vous n’avez plus de douleur au repos et à l’effort
- Vos tests fonctionnels sont normalisés (validés par votre kiné)
- Votre force musculaire est symétrique des deux côtés
- Vous avez retrouvé une amplitude de mouvement normale
Protocole de reprise progressive
- Marche rapide puis course légère en ligne droite
- Course avec changements de direction progressifs
- Réintroduction des gestes techniques spécifiques à votre sport
- Retour progressif à l’entraînement collectif
- Reprise de la compétition
Chaque étape doit être franchie sans douleur avant de passer à la suivante. Cette progression peut prendre de 6 semaines à plusieurs mois selon la sévérité initiale.
Pubalgie : Mythes vs Réalités
Mythe | Réalité |
---|---|
“La pubalgie ne touche que les footballeurs” | Faux : elle touche de nombreux sportifs et même des non-sportifs |
“Il faut arrêter totalement le sport pendant des mois” | Pas nécessairement : un repos ciblé et des activités alternatives non douloureuses sont souvent possibles |
“Une ceinture ou un short compressif suffit à guérir” | Faux : ces dispositifs aident mais ne remplacent pas la rééducation |
“Une opération règle définitivement le problème” | Pas systématiquement : la chirurgie n’est pas une garantie et nécessite une rééducation rigoureuse |
“La pubalgie disparaît toute seule avec le repos” | Rarement : sans rééducation adaptée, elle a tendance à récidiver |
Conclusion
La pubalgie est une affection complexe qui nécessite une approche multidisciplinaire. Son traitement repose essentiellement sur une rééducation bien conduite, avec un renforcement musculaire progressif et équilibré. La prévention joue un rôle crucial, particulièrement chez les sportifs réguliers.
N’hésitez pas à consulter rapidement un professionnel de santé (médecin du sport, kinésithérapeute) dès l’apparition des premiers symptômes. Un diagnostic précoce permet une prise en charge plus efficace et diminue le risque de chronicisation.
Avec patience et persévérance, la grande majorité des patients souffrant de pubalgie retrouvent un niveau d’activité normal, voire leur niveau sportif antérieur. L’essentiel est de respecter les étapes de la rééducation et de ne pas précipiter la reprise.
Avez-vous déjà souffert de pubalgie ? Partagez votre expérience en commentaire et n’hésitez pas à poser vos questions spécifiques.
Foire Aux Questions (FAQ)
Combien de temps dure une pubalgie ?
La durée d’évolution d’une pubalgie varie considérablement selon sa sévérité et sa prise en charge. Une pubalgie légère, diagnostiquée précocement et bien traitée peut se résoudre en 4 à 6 semaines. Les formes plus sévères ou chroniques peuvent nécessiter 3 à 6 mois de traitement, parfois davantage.
Peut-on travailler avec une pubalgie ?
Dans la plupart des cas, la pubalgie n’empêche pas de travailler, mais certains métiers physiques (manutention, BTP) peuvent être temporairement compromis. Des aménagements peuvent être nécessaires pour les postes impliquant de longues stations debout ou des efforts répétés.
Quelle est la différence entre pubalgie et cruralgie ?
La pubalgie est une douleur du carrefour pubien liée à un conflit tendineux ou articulaire, tandis que la cruralgie est une douleur nerveuse irradiant le long du nerf crural (ou fémoral), généralement due à une compression discale lombaire. Les deux pathologies n’ont pas la même origine ni le même traitement.
Le vélo est-il bon pour la pubalgie ?
Le vélo peut être bénéfique dans la rééducation de la pubalgie à condition d’adopter une position correcte : selle à hauteur adaptée, guidon relevé pour éviter la flexion excessive du tronc. Le vélo stationnaire est souvent recommandé comme activité de transition avant la reprise de la course à pied.
Quand peut-on reprendre la course à pied après une pubalgie ?
La reprise de la course à pied doit être envisagée uniquement lorsque les critères suivants sont réunis : absence de douleur au repos et lors des tests spécifiques, force musculaire équilibrée, contrôle moteur satisfaisant. Cette reprise se fait progressivement, généralement entre 6 et 12 semaines après le début du traitement.