Coureur, cette douleur à la hanche vous freine ? Vous n’êtes pas seul.
Vous connaissez cette sensation : vous êtes en pleine foulée, concentré sur votre objectif, quand soudain une douleur à la hanche vient perturber votre course. Cette gêne qui commence parfois discrètement peut rapidement devenir un véritable obstacle à votre pratique du running. Frustrant, n’est-ce pas ?
Vous n’êtes pas un cas isolé. Près d’un coureur sur quatre souffre de douleurs à la hanche à un moment de sa carrière sportive. Ces douleurs constituent l’une des plaintes les plus fréquentes en consultation de médecine du sport, juste après les problèmes de genoux.
Ce guide complet va vous aider à comprendre l’origine de vos douleurs à la hanche en course à pied, à identifier les causes possibles, à découvrir des solutions concrètes pour les soulager, et surtout, à adopter les bons réflexes pour les prévenir durablement. Notre objectif : vous permettre de retrouver une course fluide, sans douleur, et surtout, avec plaisir.
Décrypter votre douleur : Localisation et Sensations
Pour traiter efficacement une douleur à la hanche en course à pied, la première étape consiste à bien l’identifier. La localisation précise et le type de sensation ressentie sont des indices précieux pour déterminer l’origine du problème.
Où se situe exactement votre douleur ?
La hanche est une articulation complexe entourée de nombreux muscles, tendons et bourses. Selon l’endroit exact où vous ressentez la douleur, différentes structures peuvent être concernées :
Douleur antérieure (devant) : Une douleur à l’avant de la hanche peut indiquer un problème au niveau du muscle psoas-iliaque, un conflit fémoro-acétabulaire ou une tendinopathie du droit fémoral.
Douleur latérale (côté) : Souvent liée à une tendinopathie du moyen fessier (anciennement appelée bursite trochantérienne) ou au syndrome de la bandelette ilio-tibiale (syndrome de l’essuie-glace) qui peut irradier du grand trochanter jusqu’au genou.
Douleur postérieure (fesse) : Peut évoquer un syndrome du muscle piriforme, une atteinte de l’articulation sacro-iliaque, ou une douleur référée d’origine lombaire.
Douleur profonde/inguinale : Potentiellement liée à une atteinte de l’articulation de la hanche elle-même, une pubalgie ou un problème au niveau des adducteurs.
Quel type de douleur ressentez-vous ?
La nature de la douleur fournit également des informations importantes :
- Douleur aiguë/lancinante : Souvent associée à une inflammation active ou une lésion récente.
- Douleur sourde/diffuse : Peut indiquer un problème chronique ou une fatigue musculaire.
- Sensation de brûlure : Parfois liée à une irritation nerveuse, comme dans le syndrome du piriforme.
Quand survient la douleur ? Ce timing est crucial pour le diagnostic :
- Au début de la course puis disparaît ? Typique d’une raideur articulaire.
- Après quelques kilomètres ? Souvent lié à la fatigue musculaire ou une tendinopathie.
- Après la course ? Peut indiquer une surcharge tissulaire.
- Au repos ou la nuit ? Pourrait signaler un problème inflammatoire plus sérieux.
Pourquoi ma hanche me fait-elle souffrir ? Les Causes Spécifiques au Running
Le Surmenage et les Erreurs d’Entraînement (La Cause n°1)
La cause la plus fréquente des douleurs à la hanche chez les coureurs reste le surmenage, souvent dû à des erreurs dans la planification de l’entraînement :
- Progression trop rapide : Augmenter brutalement le volume, l’intensité ou la fréquence de course est un facteur de risque majeur. Vos tissus n’ont pas le temps de s’adapter !
- Manque de progressivité : Vos structures musculo-tendineuses ont besoin de temps pour se renforcer et s’adapter aux nouvelles contraintes.
- Récupération insuffisante : Ne pas accorder assez de temps entre les séances intenses empêche les tissus de se régénérer.
- Changement brutal de terrain : Passer du plat à des côtes ou des dévers importants peut surcharger certains muscles de la hanche.
Déséquilibres Musculaires et Faiblesses (Le Maillon Faible)
En course à pied, la chaîne musculaire fonctionne comme un ensemble. Si un maillon est faible, c’est toute la chaîne qui en souffre :
- Faiblesse des stabilisateurs de hanche : Le moyen fessier est particulièrement important pour maintenir l’alignement du bassin pendant la course.
- Manque de souplesse : Des muscles raides comme le psoas, les ischio-jambiers ou le tenseur du fascia lata (TFL) peuvent modifier la biomécanique de course.
- Déséquilibres agonistes/antagonistes : Un déséquilibre entre groupes musculaires opposés crée des tensions anormales.
- Faiblesse du gainage : Un “core” insuffisamment tonique ne permet pas de stabiliser correctement le bassin pendant la course.
Problèmes Biomécaniques et Technique de Course
Votre façon de courir influence directement les contraintes exercées sur vos hanches :
- Attaque talon marquée : Augmente les forces d’impact qui remontent vers la hanche.
- Cadence trop basse : Des foulées longues et peu fréquentes accroissent les contraintes articulaires.
- Oscillation verticale excessive : Plus vous rebondissez, plus les impacts sont importants.
- Valgus dynamique du genou : Le fameux “genou qui rentre” pendant la phase d’appui surcharge la face externe de la hanche.
- Basculement excessif du bassin : Un signe de Trendelenburg (bassin qui s’abaisse du côté opposé à l’appui) révèle une faiblesse des stabilisateurs.
Une analyse vidéo de votre course peut s’avérer très instructive pour identifier ces problèmes techniques.

Le Matériel : Impact des Chaussures et du Terrain
Ne sous-estimez pas l’influence de votre équipement :
- Chaussures inadaptées ou trop usées peuvent modifier votre foulée et provoquer des compensations.
- Changement brutal de type de chaussures : Passer d’un drop élevé à un drop faible sans transition sollicite différemment vos muscles et tendons.
- Course prolongée sur surfaces dures : Le béton ou l’asphalte multiplient les microtraumatismes.
Causes Moins Fréquentes mais à ne pas Ignorer
Certaines causes plus rares méritent votre attention :
- Traumatisme direct suite à une chute ou un choc.
- Arthrose de hanche, particulièrement chez les coureurs plus âgés ou avec antécédents.
- Conflit fémoro-acétabulaire : Anomalie de forme entre la tête fémorale et le cotyle.
- Fracture de fatigue du col fémoral ou du bassin : Une urgence à ne pas négliger.
- Douleur référée provenant d’un problème au dos ou à l’articulation sacro-iliaque.
Mettre un Nom sur la Douleur : Les Pathologies Courantes de la Hanche du Coureur
Tendinopathies Fessières (Moyen et Petit Fessier)
Anciennement appelée “bursite trochantérienne”, cette pathologie touche les tendons des muscles fessiers qui s’insèrent sur le grand trochanter (saillie osseuse externe de la hanche). Elle se manifeste par une douleur latérale, souvent aiguë en montée ou lors des premiers pas après une période d’immobilité. La palpation du grand trochanter est douloureuse.
Syndrome du Muscle Piriforme (Pyramidal)
Ce petit muscle profond de la fesse peut devenir irrité ou contracturé, comprimant alors le nerf sciatique qui le traverse. La douleur se situe dans la fesse, parfois avec des irradiations vers l’arrière de la cuisse. Elle s’aggrave en position assise prolongée et lors de la rotation interne forcée de hanche.
Syndrome de la Bandelette Ilio-Tibiale (TFL / Essuie-Glace)
Ce fascia épais qui court de la hanche au genou peut s’irriter par frottement répété sur le grand trochanter ou le condyle fémoral externe. La douleur, latérale, débute souvent après quelques kilomètres de course et peut irradier vers le genou. Les descentes et les dévers l’aggravent considérablement.
Lésion / Tendinopathie du Psoas Iliaque
Ce muscle puissant fléchisseur de hanche peut se surcharger, surtout chez les coureurs qui font beaucoup de côtes ou de travail en puissance. La douleur se situe à l’avant de la hanche/aine et s’accentue lors du relevé actif de la jambe.
Pubalgie (Atteinte des Adducteurs)
Fréquente chez les coureurs qui alternent plusieurs disciplines, elle se caractérise par une douleur à l’aine/pubis qui irradie vers les adducteurs. Elle s’aggrave lors des changements de direction et des accélérations.
Conflit Fémoro-Acétabulaire (CFA)
Cette pathologie résulte d’un contact anormal entre le col du fémur et le rebord du cotyle (cavité de la hanche). La douleur est profonde, souvent associée à une limitation des mouvements de flexion et rotation interne de hanche.
Arthrose de Hanche (Coxarthrose)
Cette usure du cartilage articulaire provoque une douleur mécanique qui s’aggrave à l’effort et s’améliore au repos. La raideur matinale est caractéristique.
Fracture de Fatigue du Col Fémoral ou du Bassin
Une urgence relative qui se traduit par une douleur osseuse intense, présente même au repos, empêchant souvent la marche normale et nécessitant une consultation médicale immédiate.
Douleur Aiguë : Les Premiers Réflexes à Adopter
Que faire face à une douleur soudaine à la hanche pendant votre course ?
- Arrêtez-vous immédiatement ! Continuer à courir sur une douleur aiguë peut aggraver la lésion.
- Appliquez le protocole P.O.L.I.C.E.
- Protection : Évitez toute activité qui reproduit la douleur
- Optimal Loading : Chargement optimal (pas d’immobilisation totale)
- Ice : Application de glace 15-20 minutes plusieurs fois/jour
- Compression : Bandage léger si adapté
- Elévation : Position surélevée si possible
- Adoptez un repos relatif : Ne restez pas totalement inactif. Selon l’intensité de la douleur, envisagez des activités alternatives comme le vélo doux, la natation ou la marche contrôlée.
- Gérez la douleur : Outre la glace, un auto-massage doux des zones environnantes (pas directement sur la zone douloureuse) peut soulager.
Quand Consulter IMPÉRATIVEMENT un Professionnel de Santé ?
Certains signes doivent vous alerter et nécessitent une consultation médicale sans délai :
- Incapacité à poser le pied ou à marcher normalement
- Douleur nocturne intense vous réveillant
- Douleur osseuse très localisée et exquise à la palpation
- Déformation visible, gonflement important, hématome
- Fièvre ou perte de poids inexpliquée associée à la douleur
- Absence d’amélioration après 3-5 jours de repos relatif
Les professionnels à consulter en priorité : médecin généraliste, médecin du sport, kinésithérapeute ou ostéopathe spécialisé en sport.
Stratégies de Traitement et Récupération Active
Le Rôle Clé du Kinésithérapeute / Physiothérapeute du Sport
Un professionnel spécialisé en thérapie sportive pourra :
- Établir un diagnostic précis par des tests spécifiques
- Proposer des techniques manuelles adaptées
- Utiliser des technologies comme les ondes de choc si nécessaire
- Établir un programme d’exercices personnalisés
- Vous guider dans la reprise progressive de la course

Exercices Essentiels pour Soulager et Renforcer
Étirements ciblés
- Psoas : En position de fente avant, genou arrière au sol, poussez le bassin vers l’avant en gardant le dos droit.
- Piriforme : Allongé sur le dos, croisez la jambe à étirer sur le genou opposé et amenez doucement les deux jambes vers la poitrine.
- TFL/Bandelette ilio-tibiale : Debout, croisez la jambe à étirer derrière l’autre et penchez le tronc du côté opposé.
- Ischio-jambiers : Jambe tendue sur un support à hauteur de hanche, penchez le buste vers l’avant en gardant le dos droit.
Renforcement musculaire spécifique
- Moyen fessier :
- “Coquillage” (Clam shell) : Allongé sur le côté, genoux fléchis, écartez le genou supérieur en gardant les pieds joints.
- Élévation latérale de jambe : Allongé sur le côté, soulevez la jambe supérieure tendue.
- Grand fessier :
- “Hip thrust” : Dos appuyé contre un banc, pieds au sol, soulevez le bassin en contractant les fessiers.
- Squats : Particulièrement efficaces pour renforcer tout le système de stabilisation.
- Gainage :
- Planche frontale et latérale
- “Bird dog” : À quatre pattes, tendez simultanément le bras droit et la jambe gauche, puis alternez.
Techniques Complémentaires
- Auto-massage avec foam roller ou balle de massage :
- TFL/Bande ilio-tibiale : Allongé sur le côté, placez le rouleau sous la face externe de la cuisse.
- Fessiers : Assis sur le rouleau, massez par petits mouvements.
- Psoas : Plus difficile, nécessite une balle plus petite et une approche prudente.
- Alternance chaud/froid selon la phase :
- Phase aiguë : Privilégiez le froid
- Phase chronique : Le chaud peut détendre les muscles tendus
Prévention Active : Courir Mieux, Plus Longtemps et Sans Douleur
Gestion Intelligente de l’Entraînement (La Règle d’Or)
- Respectez la progressivité : N’augmentez jamais votre volume d’entraînement de plus de 10% par semaine.
- Variez les intensités et les terrains : Alternez entre fractionné, endurance fondamentale et récupération active.
- Intégrez des semaines de décharge : Une semaine allégée toutes les 3-4 semaines permet aux tissus de récupérer.
- Écoutez votre corps : Une douleur qui persiste plus de deux séances consécutives n’est jamais normale.
L’Importance Cruciale de l’Échauffement et du Retour au Calme
- Échauffement dynamique : 5-10 minutes de mobilisations articulaires et d’activation musculaire avant chaque sortie.
- Retour au calme progressif : 5-10 minutes de course très lente suivies d’étirements légers.
Optimiser sa Technique de Course
- Augmentez votre cadence : Viser 170-180 pas/minute réduit significativement les impacts.
- Réduisez l’attaque talon : Privilégiez un appui médio-pied pour mieux absorber les chocs.
- Limitez l’oscillation verticale : Moins vous rebondissez, moins vous subissez d’impacts.
- Maintenez un bon alignement : Tête, épaules, hanches et pieds dans l’axe de course.
Une analyse vidéo par un coach ou un kinésithérapeute spécialisé peut vous aider à optimiser votre technique.
Le Choix Stratégique des Chaussures
- Adaptez les chaussures à votre morphologie, votre foulée et le terrain de pratique.
- Renouvelez régulièrement vos chaussures (tous les 800-1000km environ).
- Introduisez progressivement un nouveau modèle en alternant avec l’ancien.
Renforcement Musculaire : Le Bouclier Anti-Blessure
Intégrez 1-2 séances hebdomadaires de renforcement spécifique en focalisant sur :
- La stabilisation de la hanche (fessiers++)
- Le gainage global (transverse, obliques, lombaires)
- Le renforcement des pieds (souvent négligés)
Cross-Training / Entraînement Croisé
Alternez la course avec d’autres activités comme :
- Le vélo
- La natation
- L’elliptique
Ces disciplines permettent de maintenir votre condition physique tout en réduisant les impacts répétitifs sur vos hanches.
Reprenez le Contrôle de Votre Course (et de Votre Hanche !)
Face aux douleurs de hanche en course à pied, une approche structurée en trois temps s’impose : identifier précisément l’origine du problème, mettre en place les actions immédiates pour soulager la douleur, puis adopter une stratégie de prévention sur le long terme.
La douleur à la hanche n’est pas une fatalité pour le coureur. En comprenant les mécanismes en jeu et en appliquant rigoureusement les principes de traitement et de prévention, vous pourrez retrouver une course fluide, efficace et surtout, sans douleur.
Soyez patient dans votre démarche de rééducation – les tissus ont besoin de temps pour se réparer et se renforcer. N’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels qui vous guideront efficacement vers une reprise progressive et durable de votre activité favorite.
Alors, prêt à reprendre le contrôle de vos foulées ?